Découverte au Plaza Arthouse Cinema
Grâce au cinéma d’auteurs sans frontières que propose le Plaza Arthouse, j’ai pu découvrir le réalisateur Ali Abbasi, d’origine iranienne. Ce cinéma montois est, pour moi, l’une des véritables pierres angulaires de la richesse culturelle de la ville. Bien plus qu’un simple lieu de projection, il incarne un espace de rencontre, d’échange et de découverte, où l’art cinématographique transcende les frontières et ouvre les esprits.
D’ailleurs, n’hésitez pas à réserver dès maintenant vos places pour l’avant-première du film « Maldoror » en présence du réalisateur Fabrice Du Welz : https://plaza-mons.be/film/avant-premiere-maldoror/2025-01-12
Ce cinéaste belge, capable de transcender le cinéma en véritable chef-d’œuvre, a marqué mon esprit avec les images et la trame narrative d’« Inexorable ». Je suis persuadé que, malgré une thématique lourde, « Maldoror » nous réserve une aventure cinématographique captivante, emplie d’humanisme et d’espoir.
https://view.genially.com/6754b83e54575f73a8a4ef58/presentation-the-apprentice-ali-abassi
Revenons au film d’Ali Abbasi : celui-ci nous raconte la vie de Trump en trois périodes, chacune marquée par des esthétiques qui évoquent l’audiovisuel de l’époque.
« The Apprentice » retrace la trajectoire de Donald Trump en la superposant aux codes esthétiques et narratifs de la télévision. Ce processus transforme Trump en un "pantin télévisuel", un personnage qu’il a orchestré lui-même, devenant au fil des décennies de plus en plus grotesque et en accord avec les codes visuels des médias. À travers ce prisme, le film interroge les liens entre le rêve américain, le capitalisme et la télévision.
Les années 60-70 sont marquées par des couleurs chaudes et saturées, dominées par des teintes dorées, comme capturées sur pellicule avec l'aide de caméras 35 mm caractérisées par un filtre granuleux. Ce rendu visuel incarne à merveille l’espoir et l’optimisme du rêve américain de l’époque.
Les années 70-80, quant à elles, adoptent des palettes plus neutres et froides, accompagnées d’un léger flickering dû à l’émergence des premières caméras numériques. Ce style reflète parfaitement l’excès et l’opulence caractéristiques de cette ère.
Enfin, les années 80-90 se teintent de nuances plus bleutées et sombres, parfois ponctuées de touches acidulées. Ce contraste se marie parfaitement avec la perte progressive d’humanité chez Trump. Ces choix ne servent pas seulement à situer l’action dans le temps, mais montrent aussi comment la vie de Trump devient un spectacle en phase avec l’évolution de la télévision.
On démarre dans une ambiance rétro, autant dans les images que dans la musique, une époque où le rêve américain rime encore avec réussite et prospérité. On voit Trump se lancer à la conquête de Manhattan après sa rencontre avec Roy Cohn, qui lui apprend des méthodes brutales et sans scrupules pour toujours garder « le contrôle ». À côté de ça, on revient sur son passé, marqué par une éducation stricte et étouffante sous la domination de son père.
Au fur et à mesure, Trump devient une figure publique grâce à la télévision, transformant sa vie en un véritable spectacle. Les effets visuels, comme les filtres VHS, le grain et les couleurs saturées, brouillent peu à peu les frontières entre sa vie privée et ce qui est capté par les médias. La télévision le glorifie ou le critique, elle exploite son image pour nourrir le lien entre capitalisme et les médias. On est en plein dans La société du spectacle de Guy Debord.
Le film montre Trump comme maître de son image et prisonnier d’un système médiatique qu’il a alimenté. Peu à peu, il perd son humanité pour devenir un pur produit. L’ambiance devient de plus en plus sombre, passant de la gloire au grotesque. Il est intéressant de rappeler qu'en 2004, aux États-Unis, une série télévisée du nom de "The Apprentice", a vu le jour, où Trump incarne son propre rôle. L’émission illustre parfaitement le lien entre capitalisme et télévision, montrant comment les médias sont un outil incroyable de propagande. Trump est à la fois la marionnette de son mythe et celui qui tire les ficelles. Une question reste en suspens : que reste-t-il de l’humanité quand tout devient spectacle ?